Les chansonniers

Si quelques chansonniers révolutionnaires du XIXe siècle peuvent être considérés comme des artistes engagés, la plupart d'entre eux sont avant tout des militants politiques
                                                           

Pour eux la chanson est un moyen d'action parmi d'autres (la prise de responsabilités politiques, la rédaction de pamphlets, de textes idéologiques, la grève, la lutte armée).
Une part importante des milieux populaires ne sait pas lire et la chanson est un moyen efficace de diffuser des idées. 
Certains de ces auteurs ont une production exclusivement idéologique, d'autres ont écrit différents types de chansons.
Ils sont issus de milieux sociaux très divers, mais on compte peu de femmes parmi eux. Cette quasi absence de femmes ne va pas de soi, car ce n'est pas le cas dans les pays saxons où les chansonnières protestataires  sont  nombreuses.

des activistes, qu'on appelerait ça de nos jours

Il nait dans un milieu favorisé. Néo-malthusien il préconise le contrôle des naissances, à la même époque qu’Emma Goldman aux États-Unis. Charles d’Avray est un compositeur prolifique. Lors de ses performances dans les cabarets parisiens, il présente ses chansons, considérant qu’il s’agit là d’une propagande efficace. Il parcourt ensuite la France, pour réaliser des "conférences anarchistes" sous forme de chansons. Il est encore actif dans les années 50 et fait le lien avec le renouveau de la chanson anarchiste d’après guerre.

Charles d’Avray (1878-1960)

Alexis Bouvier (1936-1992)

Issu de la classe ouvrière, il commence sa vie professionnelle en tant que ciseleur sur bronze. Il se cultive car son désir est d’écrire. Fréquentant les goguettes, il acquiert rapidement du succès et devient chansonnier et romancier. Sa table a la réputation d'être bien garnie, mais il n'oublie pas ses origines. Son oeuvre traite essentiellement des conditions de vie difficiles du peuple.

Paul Brousse (1844-1929)

Il nait dans une famille bourgeoise, devient médecin, s’intéresse à la politique. Sans participer lui-même à la Commune, il est cependant très impressionné par l’événement. Choqué par la répression de la semaine sanglante, il adhère à l’Internationale puis rallie les anti-autoritaires. Il devient un propagandiste important du mouvement. En 1873, il doit s’exiler, car l’État français dans le sillage de la Commune s’attaque aux Internationalistes. Il restera toute sa vie un militant socialiste et participera à la création de nombreuses organisations internationalistes.

Jean Baptiste Clément (1936-1903)

Ses parents sont des meuniers aisés. Il quitte rapidement le domicile familial, est ouvrier, puis fréquente les cercles socialistes. Il écrit dans diverses publications et compose des chansons. En butte au pouvoir impérial, il doit s'exiler quelque temps en Belgique . Délégué du XVIIIe arrondissement au conseil de la Commune, il se bat sur la dernière barricade, se cache puis parvient à fuir la capitale. Après quelques années en exil à Londres, il revient en France où il vit dans la clandestinité avec sa famille. Lorsque les communards sont amnistiés, il reprend des activités politiques, adhère au Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire de Jules Guesde et organise des grèves et des mouvements ouvriers. Il milite jusqu'à sa mort. 5000 personnes assistent à son enterrement.

Emile Dereux (1836-1871 ?)

Libraire à Montmartre, il combat comme canonnier dans la garde républicaine pendant le siège de Paris. Un Dereux, probablement le même, a cossigné l’« Affiche Rouge » qui dénonçait la trahison du gouvernement et appelait à la rébellion.

Pierre Dupont (1821-1870)

Il est issu de la classe ouvrière. Ayant eu accès à l’instruction, il rencontre des académiciens et des intellectuels, ce qui assure la notoriété de ses chansons... Il participe à la révolution de 1848 et chante lors des banquets républicains dans les années précédant l'événement.

Sébastien Faure (1858-1942)

Issu d’une famille de la bourgeoisie conservatrice, il se destine à la prêtrise, mais reprend le négoce familial. À 27 ans, il se rapproche du parti ouvrier, puis à partir de 30 ans des antiautoritaires. Il devient un propagandiste de renommée internationale.

Après les démêlés au sein du mouvement libertaire au moment de l’affaire Dreyfus, Sébastien Faure se tourne vers l’éducation. Il fonde une école libertaire, la Ruche. Il est accusé de pédophilie. En 1914, il ne se rallie pas à l’union sacrée et reste résolument pacifiste.

Il est issu d’un milieu très modeste, travaille fort jeune comme garçon boucher et lit tant qu’il peut. Fréquentant les goguettes, il publie ses premières chansons à l’age de vingt ans. Il est marqué par les événements de la Commune et son répertoire aborde les thèmes révolutionnaires

Après avoir exercé divers métiers tout en écrivant, décide de vivre de sa plume. Il collabore à plusieurs journaux. Malgré le succès (il ouvre sa propre goguette à la fin de sa vie), il vit pauvrement. Il meurt fou et confit dans l'absinthe.

Jules Jouy (1843-1897)

Constant Marie, dit « le père La Purge », déclare être devenu anarchiste après avoir effectué six mois de prison en 1866 pour vagabondage. Une blessure à la poitrine durant les combats de la Commune lui vaut d’échapper aux exécutions de la semaine sanglante. Il exerce divers emplois et milite au sein de nombreux groupes anti-autoritaires à Paris au sein lesquels ses chansons lui valent un grand succès. Il est arrêté plusieurs fois.

Constant Marie (1838-1910)

Louise Michel (1830-1905)

Fille illégitime d’une domestique et du fils du châtelain, elle reçoit une bonne éducation. Infirmière, enseignante et révolutionnaire, elle prend une part active aux combats de la commune et déclare à la cour martiale, qui ne fait pas fusiller les femmes : « puisqu’il paraît que le plomb est tout ce que mérite un cœur épris de liberté, j’en veux ma part. Si vous n‘êtes pas des lâches, tuez-moi ». Le lendemain, elle fait la une des journaux et Victor Hugo lui consacre un poème.

Elle est condamnée à la déportation en Nouvelle Calédonie avec des centaines d’autres insurgés, c'est là qu'elle devient anarchiste. Inlassable militante révolutionnaire. Elle est également considérée comme une pionnière du féminisme bien qu'elle ne s'en soit jamais réclamée. Adulée par les uns, conspuée par les autres, elle est "la louve avide de sang", "la vierge rouge", "la petite sœur des pauvres", "la révolutionnaire impeccable", "la dévote de la révolution", "l'hystérique de l'égalité". Elle aura consacré toute sa vie à la cause. 100.000 personnes assistent à ses obsèques.

Elle demande à être enterrée au Père Lachaise, l'Etat l'envoie à Levallois Perret, une banlieue bourgeoise pour limiter les pèlerinages.

D’abord ouvrier ciseleur, il fréquente les cercles anarchistes parisiens à partir de 1883. Il participe à certaines actions et est fiché par la police. Il devient bientôt chansonnier et se produit dans de nombreux cabarets montmartrois. Ses chansons critiquent les préjugés bourgeois. Il est végétarien et partisan de l’amour libre. L’un de ses poèmes antimilitaristes sera censuré en 1916.

Paul Paillette (1844-1920)

Eugène Pottier (1816-1887)

Issu d'une famille ouvrière conservatrice, ouvrier lui-même, c'est un excellent dessinateur sur étoffe et un militant politique. Il participe à la révolution de 1848. Chrétien au départ, il s'éloigne progressivement de la religion jusqu'à devenir franchement anticlérical. En 1870, il est à la tête d'une entreprise d'une vingtaine d'ouvriers tout en étant membre de la première internationale. Il est moblot (membre de la garde nationale) durant le siège de Paris et délégué du deuxième arrondissement durant la Commune.

Il parvient à échapper à la répression, il est condamné à mort par contumace, il gagne les Etats-Unis où il poursuit la lutte aux côtés des Francs-Maçons américains et organise la solidarité avec les communards déportés

De retour à Paris en 1880, à moitié paralysé et totalement sans le sou, il continue à fréquenter les cercles internationalistes. Sa révolte est intacte et il compose plus que jamais. Il ne vit pas de ses chansons qui sont restées très confidentielles durant sa vie. 10.000 personnes assistent à son enterrement.

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